Pas de doute. La crise du Covid-19 a fait du télétravail un mode d’organisation incontournable. Réclamé par les salariés, il représente, aujourd’hui, la nouvelle « normalité » du travail.
Avec la fin du protocole sanitaire en entreprise, un retour à la «normale ? Depuis le 14 mars en France, le télétravail, qui n’était déjà plus obligatoire depuis quelques semaines, ne sera même plus « conseillé ». La pratique doit désormais être définie « dans le dialogue au sein de l’entreprise entre l’employeur et les représentants des salariés a même indiqué la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
Mais le retour au bureau est-il vraiment souhaité par les collaborateurs ? Une étude Citrix (mars 2021) s’est intéressée à la question. La moitié des personnes interrogées ont estimé que les entreprises passeront à côté des meilleurs talents sans option de télétravail. Un Français sur deux se dit favorable à un modèle hybride permettant de travailler au bureau et de chez soi. Incontestablement, « les employés de bureau français ont adoubé le télétravail tant d’un point de vue personnel que professionnel », a réagi Mario Derba, vice-président pour l’Europe de l’Ouest et du Sud chez Citrix.
Le télétravail plébiscité
La tendance est d’ailleurs mondiale. Cap sur les Etats-Unis où le phénomène de la grande démission continue de jouer à plein. Outre-Atlantique, une étude menée par CareerBuilder (2022) révèle que les jobs permettant de travailler depuis chez soi complètement ou partiellement attire 7 fois plus de candidats que les emplois au bureau.
Pour Kristin Kelley, directrice du marketing. Chez CareerBuilder, la cause est entendue : « Personne n’a envie de retourner au travail tel qu’il était pratiqué auparavant. La flexibilité est la nouvelle norme. Elle correspond aux attentes des employés. La tendance va encore se renforcer dans les mois à venir ». Selon une enquête menée par Pew Research, 61 % des collaborateurs à distance affirment d’ailleurs ne pas se rendre au bureau tout simplement parce qu’ils ne le désirent pas, citant un meilleur équilibre vie personnelle-vie professionnelle et de réels gains de productivité.
Le modèle hybride n’est donc plus le modèle du futur. Il est devenu la norme. Ce que confirme la deuxième édition de l’enquête sur le futur du travail réalisé, dans l’Hexagone, par l’Association nationale des directeurs de ressources humaines et le BCG. 46 % des répondants prévoient que leurs salariés éligibles au télétravail y passeront deux jours par semaine en moyenne.
Le modèle « Freemote » en embuscade
Avant de passer à plus ? Si les managers ont du mal à l’envisager, ce n’est pas le cas pour d’autres. Pour Prithwiraj Choudhury, professeur à la Harvard Business School, cela ne fait pas de doute. « Dans dix ans, les bureaux n’auront pour fonction qu’une et une seule chose : passez de bons moments entre collègues. Le travail à distance ne s’appellera plus télétravail, mais simplement travail ».
Utopie ? Pas vraiment. D’abord parce que ce besoin de flexibilité est une demande forte des générations Y, Z et de toutes celles qui vont les suivre sur le marché du travail. Il n’y aura pas de retour en arrière. Ensuite, parce que la normalisation du télétravail et du bureau hybride a une suite logique : le passage au full remote, modèle où la totalité (ou quasi-totalité) des collaborateurs effectuent leurs tâches à distance.
Certaines entreprises ont déjà franchi le pas. Exemple avec Chargebee, une société de gestion d’abonnements d’origine indienne. Avant la pandémie, la structure possédait des bureaux à Masdras, San Francisco et Amsterdam. Elle fonctionne aujourd’hui en full remote, la crise sanitaire ayant finalement accéléré une transformation qui était déjà à l’étude avant l’irruption dans nos vies du Covid-19. Mais d’autres le sont nativement, comme d’ailleurs l’est Jobgether avec sa trentaine de collaborateurs répartis à travers le monde.
Son CEO, Juan Bourgois, l’affirme d’ailleurs haut et fort : « Le modèle freemote qui combine freelance et full remote est le futur du travail ». Au vu des évolutions récentes, c’est, en effet, bien parti pour l’être.