La dynamique des remote jobs va conduire les entreprises à passer d’une embauche locale à une embauche mondiale.
On le sait. Ce sont bien les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui occupent les deux premières du podium mondial des offres d’emploi en télétravail. Au pays du roi Charles III, la tendance est bel et bien installée. Et il ne s’agit pas simplement de remote jobs effectués depuis le seul domicile ou un lieu imposé par l’employeur. Tout au contraire. Outre-Manche, le « travaillez de n’importe où » est en train de conquérir ses lettres de noblesse. En 2022, les propositions d’embauche en ce sens ont augmenté de 48 % selon le moteur de recherche d’emploi Adzuna.
De plus en plus d’entreprises britanniques envisagent donc que leurs collaborateurs puissent accomplir leurs tâches depuis l’endroit de leur choix : maison, cafés, espaces de coworking, lieu de villégiature… De quoi permettre de mesurer l’immense chemin parcouru. Un véritable bouleversement est en cours. D’un mode d’organisation du travail s’appuyant sur la présence des employés au sein d’un même espace, nous passons actuellement vers un modèle distribué (du moins pour les cols blancs) où la présence physique des talents n’est plus requise. Mais il y a plus encore. La localisation même de ces derniers tend à avoir de moins en moins d’importance.
Remote jobs : la révolution de la mondialisation
Et si c’est là que se niche la véritable révolution du télétravail ? Moins dans la possibilité de travailler à distance (et il existe des distances proches), que de la capacité d’effectuer ses tâches depuis littéralement n’importe où. Le remote fait éclater les barrières géographiques. La dynamique est en cours. D’une embauche locale, les entreprises vont être de plus en plus nombreuses à passer à une embauche mondiale.
Comme le note un récent rapport publié par la société Omnipresent [1] , « Dans le futur, n'importe qui n'importe où sur la planète avec les bonnes compétences et un accès à l'internet sera en mesure d'entrer en concurrence sur un marché mondial unique des talents ».
On parle ici d’un vivier gigantesque dans lequel les organisations iront puiser leurs collaborateurs où qu’ils se trouvent. « Les entreprises perdent déjà de grandes opportunités en restant attachées à un style de travail local/national/en présentiel. Les emplois à distance, en théorie, permettent aux entreprises d'attirer et d'embaucher les meilleurs talents du monde entier », affirme sur le site Internet du World Economic Forum, l’argentine Tatiana Reuil, spécialiste des sciences sociales.
C’est que, bien implémentés, les remote jobs peuvent être source de gains des deux côtés du spectre. Ils peuvent profiter tant aux employeurs qu’aux employés. «Le travail à distance a ouvert un monde de talents au-delà de nos frontières. Il permet aux organisations de trouver des talents spécialisés difficiles à trouver localement et élimine toutes les complications liées à la délocalisation. Il également avantageux pour les employés, qui peuvent désormais chercher loin pour trouver le secteur, l'organisation ou le rôle qui leur convient », confirme John MacKinlay, PDG de la fintech Caary Capital [2].
Enjeux macroéconomiques
Mais les enjeux dépassent de loin ceux des seules destinées individuelles. La révolution remote va également avoir d’énormes répercussions sur le plan macroéconomique. Prenons l’exemple des déséquilibres Nord/Sud. Pour le rapport Omnipresent1, aucun doute n’est possible. Le télétravail va stimuler la croissance des pays du sous-continent indien et de l'Afrique subsaharienne, augmentant leurs salaires et réduisant les écarts de rémunération mondiaux.
Cela signifie, toutefois, que les cols blancs des pays riches vont devoir faire face à une nouvelle concurrence. Un point sur lequel, il faudra être attentif mais pour lequel l’une des réponses pourrait être une permanente montée en compétence doublée d’une hyperspécialisation.
Quoi qu’il advienne, une chose reste sûre. La mondialisation des équipes est en marche. D’où l’obligation pour les organisations de créer des environnements de travail flexibles et innovants afin d’attirer les meilleurs éléments et d’animer les meilleures équipes possibles. Une tâche qui commence dès aujourd’hui.
1 « The Globalization of Teams » (2022)
2 Sur le site Hcamag.com (04/11/2022)