C’est l’un des derniers pays à intégrer une liste qui ne cesse de s’allonger. L’Indonésie a lancé, à son tour, son visa nomade numérique. D’une durée de cinq ans, il est accompagné d’une exemption d’impôts sur les revenus perçus à l’étranger. Le pays entend ainsi attirer les « remoters ». Le gouvernement indonésien sait qu’il joue sur du velours. Bali est en effet l’une des destinations préférées des « digital nomads » en raison de son climat tropical et du faible coût de la vie.
Travailler d’où l’on veut
La pandémie de Covid-19 a légitimé le télétravail. Désormais incontournable, il est l’une des voies qui permettent d’offrir aux salariés la flexibilité qu’ils réclament aujourd’hui. Une demande que les entreprises sont désormais tenues de satisfaire sous peine de voir les meilleurs talents leur échapper. Une enquête Qualtrics de 2021 l’illustre parfaitement. Lors de cette dernière, 80 % des répondants à la recherche d’un nouvel emploi ont affirmé que leur nouveau job devrait leur offrir l’opportunité de travailler depuis le lieu de leur choix.
Des exigences bien comprises par une liste toujours croissante d’Etats. Ils seraient, désormais, plus de 40 à avoir lancé (ou à être sur le point de lancer) leur programme de visas destinés spécifiquement aux travailleurs nomades. De quoi fournir à ces derniers le cadre juridique nécessaire pour permettre à ces derniers de déployer en toute tranquillité d’esprit leurs activités professionnelles en leur permettant de séjourner de manière prolongée là où ils le souhaitent.
Les « remoters » chouchoutés
Bien sûr, les Etats n’agissent pas que par bonté d’âme. En tentant de capter les « remoters », ils songent avant tout au développement de leurs économies. Davantage de nomades digitales sur le territoire, c’est aussi (et peut-être avant tout) davantage de capitaux étrangers investis localement. Et pour les attirer, certains n’hésitent pas à multiplier les « incentives ». L'Argentine, par exemple, prévoit d'offrir aux nomades numériques détenteurs de son nouveau visa des tarifs différentiels sur le logement, les espaces de co-working et les vols intérieurs avec Aerolíneas Argentinas.
Dans un article publié par la Harvard Business Review [1], Prithwiraj Choudhury, professeur associé, spécialiste de la mobilité géographique des salariés, explique que les nomades digitaux et « remoters » de manière générale peuvent être un atout pour toute économie. Ils dépensent de l'argent, facilitent la collaboration et stimulent l'innovation ».
Les pays occidentaux aussi
Des enjeux qui ne sont d’ailleurs pas circonscrits aux seuls pays en développement. Certes, ces derniers, du Costa Rica à la République dominicaine en passant par l’Indonésie, le Brésil ou Dubaï, fournissent le gros contingent de la liste. Mais les pays occidentaux ne sont pas en reste. Ainsi, au sein de l’Union européenne, des pays comme l’Allemagne ont lancé leur propre programme ou sont sur le point de le faire comme l’Italie.
A ce titre, le pays aurait investi plus d'un million d'euros pour renforcer les réseaux informatiques, améliorer les transports et moderniser les infrastructures dans les communautés rurales afin d’attirer les remoters de tous poils.
$1 000 en moyenne
Bien entendu, chaque pays possède ses propres exigences lorsqu’il s’agit de délivrer un visa nomade numérique. Toutefois, il existe un large tronc commun. Le candidat doit fournir une preuve d'emploi à distance, une assurance voyage et un revenu mensuel minimum. Une manière de s’assurer qu’il peut subvenir à ses besoins sans avoir besoin de prendre un emploi local. La plupart des demandes coûtent environ 1 000 dollars et permettent de procurer aux « remoters » des séjours entre 6 mois et 2 ans avec la possibilité de prolonger son visa une fois le délai écoulé.
Selon le site de suivi des tendances Exploding Topics, les recherches du terme « visa nomade » ont augmenté de 2 400 % au cours des cinq dernières années. Plus qu’une tendance, c’est désormais une nouvelle réalité.
[1] How “Digital Nomad” Visas Can Boost Local Economies (05/27/2022)